Publié le 10 Mars 2015
La littérature ne sert à rien.
Admettons que vous soyez aujourd'hui à la fin de votre récit.
Un coup d'oeil rétrospectif vous montre le chemin parcouru. Vous sentez qu'il faudra bien s'arrêter, mais en même temps, un livre n'est jamais fini.
C'est là que commence à poindre la question du public.
Au fond, à quoi ça sert d'être arrivé(e) là ?
L'écriture prend sens dans la vie. Elle n'a pas un sens en général. Tout comme les mots.
Admettre que l'écriture est un rapport et non un objet, c'est tout le paradoxe de la modeste ambition d'être publié(e).
L'écriture est une nécessité.
C'est au pied du mur qu'on le voit le mons bien.
Au moment de relire et peaufiner votre livre, il y a fort à parier que la force de votre concentration vous montre en énorme des détails que vous vous hâtez de juger déplorables, sans voir que, désormais, l'ensemble ne vous est plus accessible.
Et préparez-vous dès à présent : après n'avoir lu que 3 mots d'un livre, certains sont près à le juger et tirer d'extrapolantes généralités ... Ou alors, ce sera le silence, face-à-face pénible qui vous donnera l'impression d'être une logorrhée. Bref.
Le contrat d'édition le plus ardu à conclure, c'est avec soi-même qu'il faut le signer.
Ce que dévoile l'auteur de lui-même est ce qui reste quand le lecteur a oublié l'histoire.
Pour moi, le livre est un prétexte.
Un prétexte comme un alibi pour se recontrer autrement, s'échapper vers l'inconnu ou l'ailleurs, vivre par procuration.
Un prétexte, comme un texte préalable à prendre sa propre vie en mains et tracer les grandes lignes de son propre destion.
Nous sommes les bâtisseurs de l'avenir et non pas ses victimes, lisai-je sur internet.
Le livre en est l'emblème, infiniment réduite à notre espace-temps.
Comment maîtriser l'effet que produit un livre ?
Drôle de question. Comment maîtriser les cercles concentriques que l'eau forme en surface, une fois que le pavé a été jeté dans la mare ?
Plus l'intention est claire, plus l'effet portera - avec cependant un effet de retardement très souvent regretté.
Plus l'intention de l'écriture est brouillée, plus le résultat le sera aussi, à plus au moins long terme.
Et on revient dés lors au tout début : à quoi ça sert d'écrire ?