Pharmakon : le remède est dans le mal

Publié le 27 Octobre 2012

"Abus", "dérives", "clivages" sont aussi bien liés à l'informatique que "réseaux", "libertés", "facilités". Quelle position adopter ?

  • L'ordinateur stationnaire centralise désormais des services naguère disparate. Tout-en-un, il remplace avec souplesse la machine à écrire (pour l'impression de textes), la télécopieuse (pour l'envoi des fax), l'envoi postal et le rendez-vous administratif(pour les formulaires d'inscription et les déclarations en tous genres), la télévision (pour les actualités), la presse (pour les nouvelles du monde), le téléphone (pour les informations courtes) et plus encore...

...Centralisation

VS

Personnalisation...

  • Jamais il ne pourra nous épargner l'effort de réflexion, le stylo, la trituration des méninges, l'étape du brouillon-stylo. Au contraire, l'air de rien, en accaparant le temps même raccourci de composition, il amplifie considérablement la nécessité d'une préparation. Les publicités clignotantes qui clame : "Votre blog en 5 mn" ou votre lettre de motivation téléchargeable gratuitement" pirouettent. L'intérêt de ce travail ne réside absolument pas dans les aspects techniques de sa réalisation mais dans la valeur du travail de composition, à savoir dans la phase préparatoire qui VOUS retombe sur les bras !

  • Tout est là ! Votre PC (accompagné, bien évidemment, de sa kyrielle de matériels ou d'applications interconnectés) mémorise pour vous divers codes, mots de passe, identifiants, procédures, courriers, etc, dans un nano-monde bien pratique.. Avec un peu d'habileté, vous retrouverez aussi les souvenirs plus ou moins chaotiques et plaisants d'autres personnes, proches ou quidam, que vous découvrirez sous le jour blafard des écrans insensibles (Ce qui, avouons-le, décomplexe particulièrement). Vous pouvez alors vous appuyer sur cette base de données mondiale et oubliez jusqu'à votre téléphone, pour autant que votre classement vous permet une recherche en quelques clics.

...Mémorisation

VS

Innovation...

  • Externaliser notre mémoire et nos facultés nous prive d'un ancrage dans la vie et crée une dépendance difficile à mesurer aujourd'hui compte tenu de son caractère récent. Les adolescents prennent ce chaos instantané (voire cette instanéité chaotique) de plein fouet ; les adultes qui s'y adonnent ont tout de même une vague idée de l'ordre alphabétique, des classements génériques-spécifiques, bref, de la nécessaire organisation sous-jacente voulue par une autorité. Pour finir, nous savons désormais que nous n'utilisons que 10% de notre cerveau ; nous ne faisons guère mieux avec notre matériel informatique, faute de temps, de compétences et d'intérêt.

  • Le "septième continent" sur terre est celui de la virtualité, qui se développe trop vite pour qu'on puisse la mesurer. Ce désordre profite aux plus petits qui gagnent au change. Ils peuvent se manifester au moins, s'exprimer, chercher le contact. Les frontières sont pulvérisées par les technologies en pleine croissance ; les réseaux redistribuent plus efficacement la donne que n'importe quel gouvernement "réel" n'aurait pu le faire. L'espoir renaît. L'encyclopédie participative, les bibliothèques numériques, les partages et les échanges rappellent la coloration humaniste du siècle des Lumières.

...Loi du plus faible

VS

Rapports de forces...

  • Les flux d'argent, les affaires judiciaires, l'engouement des citoyens fonctionnent comme des indicateurs du pouvoir tentaculaire de la Toile. Les usagers des nouvelles technologies sont finalement, à quelques exceptions près, peu ou pas conscients des enjeux humains en cause. On ne voit guère plus loin que le bout de son nez, même en levant les yeux tout en haut de l'écran délimité par une barre d'outils. De nouvelles frontières apparaissent, autour de l'abandon des facultés humaines qui nous ont guidées pendant des millénaires : les sens, les mouvements, les pensées sont réduits à la portion congrue et embrigadés dans des procédures techniques présentées comme incontournables. Les codes émergeant de la destruction des structures passées sont mille fois plus contraignants : l'orthographe entière plie l'échine pour respecter les 160 caractères alloués au Sms (ou les 140 du tweet). Enfin, et ce n'est pas le moindre des problèmes, la production massive des appareils de haute technologie jetable(s) méprise et écrase la nature : nous n'avons pas mesuré le coût de tels gachis pour notre environnement. La course au progrès, sur un air de transhumanisme consumériste, est une fuite vers l'absurde.

Rédigé par Ecriture plurielle

Publié dans #utiliser l'informatique

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article